Films
"Le
pays des sourds"
(de
Nicolas Philibert)
Après
avoir regardé X fois ce film, je souhaite en parler pour vous inciter
à le voir !
Il est composé
de nombreux témoignages de personnes sourdes et sincèrement c'est
très enrichissant. Voilà un petit résumé:
"Quiconque s'est aventuré au Pays des
sourds aura été frappé par l'étrangeté de cette
chorégraphie qui leur permet de s'exprimer".
Nicolas Philibert
Réalisé en 1992,
" Le pays des sourds" a été récompensé dans de nombreux festivals et a remporté un grand succés lors de sa sortie en salles en mars 1993."
A quoi ressemble le monde pour des milliers de gens qui vivent dans le silence?
Elaborés depuis la nuit des temps, ces signes constituent une véritable langue, où chaque mot, chaque unité de sens se traduit par une image que l'on trace dans l'espace. Ces signes, aussi
précis et nuancés
que la parole, peuvent, au moins
autant qu'elle, se prêter aux déclarations amoureuses comme aux descriptions
techniques les plus détaillées.
Jean-Claude, Abou, Claire, Philo, Hubert, Karine et tous les autres, sourds
profonds depuis leur naissance ou les premiers mois de leur vie, rêvent,
pensent, communiquent en signes et voient le monde différemment.
Avec eux, nous irons à la découverte de ce pays lointain où
le regard et le toucher ont tant d'importance. Ce film raconte leur histoire,
et nous fait voir le monde à travers leurs yeux.
Entretien avec Nicolas Philibert
" Comment est née l'idée du film?"
"-
C'est un vieux rêve, qui remonte à une dizaine d'années!
En septembre 1983, j'avais été contacté par un groupe de
psychiatres pour participer à l'élaboration
de films pédagogiques sur la langue des signes. A l'époque, j'ignorais
tout du monde
des sourds, et je suis donc allé m'inscrire à un cours de langue
des signes, dispensé par un jeune professeur, lui-même sourd profond.
C'était fascinant!
Tout à coup, je n'étais pas en face d'un handicapé, mais
au contraire devant un homme d'une richesse d'expression tout à fait
exceptionnelle, une sorte d'acteur-né capable de faire passer par les
seuls mouvements de ses mains et les expressions de son visage toutes les nuances
de sa pensée...
Pour des raisons que j'ignore, le projet des psychiatres resta en plan, mais
j'ai commencé de mon côté à rencontrer de plus en
plus de sourds et à me passionner pour leur manière de communiquer.
En découvrant la beauté de la langue des signes, l'incroyable
étendue de ses possibilités, en découvrant surtout l'importance
du visuel chez les sourds, l'acuité de leur regard, l'extraordinaire
mémoire visuelle dont ils sont capables, j'ai commencé à
me dire qu'un film sur les sourds serait de nature à travailler la matière
mêdme du cinéma, pour la bonne raison qu'il s'agit d'une langue
où chaque mot, chaque idée se traduit par des images tracées
dans l'espace...
J'ai aussitôt commencé à écrire un scénario
de fiction, mais après diverses péripéties, je n'ai pas
réussi à en trouver le financement et je suis finalement passé
à autre chose...
Mais il y a deux ans, l'idée est remontée à la surface
et cette fois, ce qui s'est imposé à moi c'est l'envie de faire
non plus une fiction mais un documentaire, ou disons un film qui raconterait
de vraies histoires, avec des vrais
personnages..."
"Quels sont les choix de départ qui ont guidé votre travail?"
"- Mon idée était de faire un film qui plongerait brutalement le spectateur dans l'univers des sourds, un film dont la langue maternelle serait la langue des signes. J'ai voulu, si j'ose dire, donner la "parole" à ces gens dont nous ignorons tout et qui ont un système de communication totalement différent du nôtre pour tenter de regarder le monde à travers leurs yeux. Bien au-delà de la question du handicap, ce que le film met en avant c'est l'existence d'une véritable culture sourde, qui possède ses racines, ses codes, ses modèles, ses usages.
C'est à cette culture-là que je voulais confronter le spectateur,
non pas de manière abstraite ou théorique mais à travers
des émotions, grâce aux différents personnages que suit
la caméra, grâce aux multiples histoires que raconte le film...
Les ppersonnages sont donc, sans exception, des sourds profonds, nés
sourds, ou qui le sont devenus au cours des premiers mois de leur existence,
c'est-à-dire avant l'acquisition du langage. J'ai choisi de laisser de
côté les malententands, qui sont pourtant nombreux, mais il s'agit
d'un film, pas d'une étude statistique! L'enjeu, le pari était
de passer de l'autre côter, d'aller à la
découverte de ce "pays" lointain" où le regard
a une importance considérable.
"- Comment avez-vous procédé pour rencontrer les personnages du film?"
J'ai
d'abord commencé par me replonger dans l'apprentissage de la langue des
signes, que j'avais laissé tombé depuis des années. Mon
assistant s'y est mis aussi, avec autant de bonheur que moi. Cette démarche
était indispensable, car
je souhaitais éviter autant que possible de passer par un interprète,
préférant établir une relation direction avec les gens.
On ne peut vraiment pas dire que nous soyons de bon "signeurs" l'un
et l'autre, mais disons qu'on se débrouille et que c'edst ce qui nous
a permis de nous faire accepter partout. Mais quand le tournage a commencé,
j'étais loin d'avoir tous les personnages!
Par
exemple, l'idée de filmer un mariage est venue assez tard, et il m'a
d'ailleurs fallu deux mois pour trouver le couple du film. Le choix des personnages
s'est fait petit à petit, à mesure que le tournage avançait.
Il y a donc à la fois des gens qui se sont imposés d'emblée,
comme Jean-Claude Poulain ou les enfant de la classe... et d'autes, comme les
mariés, qui ont fait l'objet de longues recherches.
D'autres enfin, comme le groupe des jeunes américains, qui se sont retrouvés
dans le film presque par hasard..."
"Comment s'est passé le tournage? Quels problèmes avez-vous rencontrés?"
"-
Le tournage s'est étalé sur une période d'environ huit
mois, en alternance avec des phases de repérages et de préparation.
Les premiers jours, j'étais complétement perdu! Je filmais des
situations auxquelles je ne comprenais rien, c'était désastreux!
Lorsqu'un sourd s'adressait à moi, ça allait à peu près
parce qu'il faisait l'effort de signer lentement; mais je ne déchiffrais
pas assez bien la langue des signes pour suivre les conversations des sourds
entre eux, ça allait cent fois trop vite!
Et puis filmer des sourds, du fait qu'ils s'expriment par signes, bouscule toutes
les conventions: vous ne pouvez plus faire de gros plans, ni de plans de coupe....
sous peine de perdre le fil. Nous qui sommes des entendants, nous pouons communiquer
sans nous voir, d'une pièce à l'autre, par téléphone,
etc...
Mais pour les sourds, le off n'existe pas, il n'y a pas de hors-champ! Il a
donc fallu que nous fassions tout un apprentissage pour déterminer les
méthodes de filmage qui convenaient, les cadrages, les places de caméra,
les bonnes distances..."
"Saviez-vous à l'avance de quelle manière serait construit le film?"
"- Pendant le tournage, j'ai accumulé beaucoup de matière,près de 40 heures de rushes...mais ce n'est en réalité qu'au montage que le film s'est construit de façon précise. Bien entendu, j'avais établi au départ quelques principes de narration... Mais en même temps, je tenais à laisser la porte ouverte, à garder une large part d'improvisation, de spontanéité. Je déteste me sentir prisonnier,contraint d'enfermer la réalité dans un discours établi à l'avance, parce que la réalité es toujours plus riche que ce à quoi on la résume.
J'aime faire en sorte que le réel puisse venir bousculer le cours des
choses... Il y a du reste un certain nombre de séquences, toutes celles
où les personnages témoignent face à la caméra,
que j'ai décidé de tourner alors que le film était en cours
de montage, à un moment où celui-ci était dans une impasse.
C'est donc bien au montage que s'est "écrit" le film, que j'ai
trouvé sa forme définitive.
Pour moi, la phase de montage s'apparente àun peu à un lent
travail de deuil au cours duquel il faut éliminer, se défaire
de la plus grosse partie de ce qui a été tourné.
" Avez-vous travaillé la bande son d'une manière particulière?"
"- Je me suis
longtemps obstiné dans l'idée que l'on pourrait recréé
la manière dont les sourds perçoivent les sons; car même
chez les sourds profonds, c'est rarement du silence pur; plutôt quelque
chose de lointain, de très déformé. Je voulais en particulier
traiter certaines séquences dans l'école de cette façon-là,
comme pour reproduire le point de vue subjectif des enfants quand la maîtresse
leur demande de répéter une phrase après elle.
Le spectateur aurait compris de façon immédiate à quel
point il est difficile, parce que totalement abstrait pour un sourd profond,
de reproduire des sons, de maîtriser sa voix.
Avec l'ingénieur du son et le monteur, nous sommes donc allés
dans la cabine d'un audioprothésiste pour écouter des sons tels
que différents sourds les perçoient. Puis, au montage, nous avons
commencé à retravailler cette perception-là... Mais ça
ne fonctionnait pas! Quoiqu'on fasse, cela faisait terriblement effet de cinéma,
ça n'était pas crédible.
Alors je suis revenu à des idées plus simples. Souvent, le son
ambiant a été atténué, légèrement
mis à distance, de manière à concentrer l'attention du
spectateur sur les gestes. En outre, il n'y a dans le film aucune musique d'appoint.
Les seuls moments où celle-ci faisait partie du son direct: au théatre,
dans l'église pendant le mariage, après le repas de noce quand
tout le monde
danse, et dans l'école, lorsque les enfants entendants d'une classe voisine
se mettent à chanter."
"Sourds à l'image"
La langue des signes a été interdite d'enseignement de 1880 à 1991. Onze artistes sourds,français et allemands, évoquent leurs expériences, la manière dont ils vivent leur différence ainsi que leur lutte pour la reconnaissance de la langue des signes et de leur bilinguisme.
1995
Prêt, vente de vidéocassettes
Version française
Auteurs : LEMAINE Brigitte et SORAL Jeanne
Réalisateur : LEMAINE Brigitte
Producteurs : Fotofilmécrit/Bayerischen Rundfunk/Deutsche Welle TV/Centre Georges Pompidou
1h 10 min
Plus fort que le silence
Un film de Sun Zhou Avec :
Gong Li, Gao Xin, Shi Jingming, Guan Yue, Yue Xiuqing, Li Chengru, Lü Liping,
Lei Quesheng, Lin Qing, Zhou Yufeng
Drame Durée :
1h30 mn Sortie le 28 février 2001
Drame maternel:
La différence au pays de la norme Lorsqu'on vit dans un pays qui a intronisé
l'enfant unique comme règle familiale absolue, on souhaite le meilleur pour
celui-ci. Et ça ne commence pas très bien pour Zheng Da dont la surdité a fait
fuir son père, chauffeur de taxi négligeant et un peu lâche sur les bords. L'enfant,
grâce à une prothèse auditive et une mère formidable, surmonte progressivement
son handicap. Mais son rêve d'entrer à l'école est contrarié par les autorités
chinoises.
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