Compte-Rendu du témoignage d'une sourde



Ce questionnaire a été rempli le 29 décembre 1997. La femme en question est âgée de 48 ans et est actuellement mère au foyer.

Elle a travaillé à la chaîne dans quelques usines dont :
- ANDRE à Nancy pendant 1 an
- LABELL à Darnétal pendant 10 ans
Elle a quitté son dernier emploi, licenciée, il y a 17 ans car l’usine a dû fermer. Elle a été embauchée avec des contrats à durée indéterminée.

En ce qui concerne sa formation scolaire, elle déclare ne pas en avoir reçue une en particulier mais plusieurs apprentissages dans les écoles qu’elle a fréquenté :

- Bourg-la-Reine
- Asnières
- Poitiers

Lorsqu’elle était à la recherche d’un emploi, elle affirme jamais avoir eu recours à l’Agence Nationale pour l’Emploi et avoir trouvé du travail grâce aux petites annonces dans les journaux.

Elle considère que ces emplois correspondaient à ses attentes dans le sens où ils ont contribué à apporter un rythme à sa vie.

Il semblerait que les relations de travail qu’elle a décrites soient idéales, du moins à ses yeux. Ses relations avec l’employeur étaient < normales > et amicales avec le personnel. Elle dit n ‘avoir jamais eu < de disputes >.

Quand au langage qu’elle utilisait sur son lieu de travail, il s’agissait d’une combinaison de codes gestuels et de l’écriture. A priori, elle déclare ne pas avoir eu de problème de communication dans l’ensemble. Ses collègues essayaient eux-mêmes d’employer une gestuelle et ils articulaient doucement pour qu’elle saisisse les mots d’après une lecture labiale.

Elle pense que ses employeurs contribuaient à son intégration professionnelle au sein de leur entreprise en la changeant régulièrement de poste. Ainsi, elle n’avait pas la sensation d’accomplir toujours la même tâche et elle ne pouvait se lasser de son emploi.

Elle affirme aussi ne pas avoir rencontré de contraintes particulières en entrant dans ces entreprises.

Finalement, elle conclut en disant que travailler dans le monde des entendants lui a permis d’apprendre à se débrouiller dans la vie et de devenir autonome. En effet, communiquer quotidiennement avec les entendants est devenu une habitude et facilite donc l’insertion sociale.

Elle insiste aussi sur le fait qu’il ne lui aurait pas été possible de travailler uniquement avec des sourds. Elle illustre cette affirmation par un souvenir d’école : Elle ne supportait pas dans les ateliers d’être sans cesse interpellée par ses camarades en lui tirant le bras chaque fois qu’ils avaient quelque chose à lui dire.

Malgré tout, elle dit qu’elle apprécie la compagnie des sourds mais aussi qu’elle préfère les rencontrer au foyer .

==> D’après la bonne humeur et la joie affichées de la personne questionnée en réveillant ses souvenirs, il semble qu’elle ait dressé un tableau plutôt idéal d’une insertion professionnelle en entreprise d’un sourd .
==> Il me semble tout à fait intéressant de relever :
* le fait qu’elle ait préféré travailler avec des entendants.
* qu’elle considère ne pas avoir eu de problème de communication ayant trouvé un langage consensuel.
* que le travail lui ait apporté un certain leitmotiv et qu’elle y ait trouvé une forme de libération

Cependant, il serait hâtif et imprudent de considérer ce témoignage comme représentatif de l’expérience des sourds dans le monde du travail , sachant que les faits rapportés ici datent d ’il y a environ vingt ans.
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