Compte - Rendu de l'entretien avec le conseiller de l'emploi pour les travailleurs handicapés



Si l’on considère toute la classe des travailleurs handicapés, on compte environ 2500 personnes inscrites à l’Agence Nationale pour l’Emploi en Seine-Maritime fin 1997. Parmi eux, il n’y a qu’une centaine de sourds. Cependant, grâce à une meilleure connaissance médicale de la surdité , les sourds ou malentendants sont mieux pris en charge afin d’être insérés. Beaucoup sont appareillés ce qui leur permet une plus grande autonomie. De ce fait, on peut considérer que depuis ces dernières années, le nombre de sourds inscrits à l’A.N.P.E est croissant.

D’une manière générale, les sourds qui s’inscrivent à l’A.N.P.E présentent un niveau de qualification CAP / BEP. Grâce à une grande autonomie, les plus qualifiés réussissent parfois à trouver un emploi en postulant directement auprès des entreprises.
Ceux qui possèdent un CAP ou un BEP sollicitent un emploi le plus souvent en tant que :
-secrétaire (sans avoir recours au téléphone )
-chauffagiste
-tapissier
-agent technique de collectivités
-peintre
-couvreur
-manutentionnaire


D’une manière utopique, il semblerait qu’il n’y aurait pas d’emplois totalement exclus pour les sourds si ce n’est ceux de la communication comme celui de standardiste. Par expérience, il apparaît également que les personnes appareillées ne peuvent pas travailler dans les grandes surfaces à cause de l’intensité du bruit.
L’aménagement des postes de travail est un élément déterminant pour placer les sourds. A l’A.N.P.E, il existe un conseiller de l’emploi pour orienter et conseiller les travailleurs handicapés et donc les sourds .


Généralement, les sourds qui s’inscrivent à l’A.N.P.E ne cachent en rien leur handicap. Certains montrent de l’aisance pour la lecture labiale, ce qui est noté par le conseiller. Cela peut représenter un avantage pour convaincre un employeur. Certains autres, tels que les malentendants légers réussissent volontairement à dissimuler leur handicap pour avoir l’air plus autonomes.


Cependant, le conseiller de l’A.N.P.E recommande aux handicapés de ne pas faire mention de leur gêne sur leur curriculum-vitae afin d’avoir une chance d’obtenir un entretien préliminaire dans une entreprise. Cela leur prouve qu’ils peuvent être convoqués grâce à leurs références et c’est aussi un moyen d’éviter la discrimination.


Les sourds à la recherche d’un emploi sont visiblement exigeants. En effet, ayant tous l’Allocation pour Adultes Handicapés (A.A.H) qui leur permet de vivre, ils ne souhaitent que des temps complets. De plus, le bénéfice de cette allocation, ne convainc pas beaucoup de sourds de trouver un emploi.
Monsieur X. illustre cette constatation en donnant l’exemple d’un couple de sourds reconnus handicapés à 80 % qui touchent à eux deux environ 7000 francs chaque mois.


Sont reconnus comme les plus motivées, les personnes qui se présentent le plus souvent à l’A.N.P.E.
Pour communiquer avec les sourds, le conseiller utilise l’écriture. Parfois, il arrive que certains se fassent accompagner par madame X., la responsable de l’Association Nationale des Parents d’Enfants Déficients Auditifs (A.N.P.E.D.A) de Rouen. Elle sert alors d’interprète.


Pour établir le dossier de recherche d’emploi, monsieur X. tient compte du degré d’autonomie et d’expression de la personne.
Selon l’intensité de l’handicap, les sourds comme les handicapés sont classés par catégories: A,B,C.
Cependant, pour que les dossiers soient plus < parlants > pour ses collègues ,il y apporte des annotations au cas par cas .Cela permet d’éviter les erreurs lorsque l’on essaie de placer une personne sur un poste, qui éventuellement ne lui serait pas adapté .
Dans tous les cas, seul l’employeur décide si la personne peut convenir. Mais l’ultime décision revient au médecin du travail qui est le seul habilité à apprécier l’aptitude du salarié à son poste de travail.
A priori, lorsqu’un employeur prend contact avec l’A.N.P.E pour trouver un travailleur handicapé, il ne donne pas de consignes particulières pour sélectionner les candidats. C’est le conseiller qui se rend sur place afin d’estimer les possibilités .De la sorte, il peut peser les risques en fonction du poste.
L’A.N.P.E note, bien sûr, le degré d’autonomie du sourd mais n’utilise pas les dénominations habituelles < sourd profond, sourd sévère ,demi sourd .... >
Elle note plutôt quelles seront les conséquences pour l’employeur, c’est-à-dire s’il y a un moyen ou non de communiquer (comme avec la lecture labiale).


Il existe par ailleurs très peu d’entreprises qui souhaitent recruter des sourds :le plus souvent, ce sont des PME ou des artisans (comme les peintres).
Ce phénomène est dû d’une part, au fait que la plupart des employeurs sont mal informés des possibilités et des avantages financiers. D’autre part, beaucoup d’entreprises préfèrent payer la taxe à l’Association pour la Gestion du Fonds pour l’Insertion Professionnelle des personnes Handicapées (AGEFIPH) puisqu’ils ne remplissent pas l’obligation du taux de 6 % d’employer des travailleurs handicapés. Il n’est pas rare que la somme versée à l’AGEFIPH atteigne plusieurs dizaines de milliers de francs par an.
Pourtant, plusieurs manifestations de sensibilisation ont déjà été organisées par les différents dispositifs et partenaires de l‘aide à l’intégration des handicapés (comme avec ADITH 76).Ces manifestations ont eu peu de succès bien qu’elles aient pour but de démontrer qu’il peut être avantageux de recruter un travailleur handicapé avec un poste aménagé. En effet, de nombreux abattements fiscaux et diverses primes viennent compenser les pertes en productivité. Ces montants peuvent atteindre plus de 100 000 francs par an selon le nombre de personnes embauchées et la taille de l’entreprise.


D’une manière générale, les sourds inscrits à l’A.N.P.E, ne trouvent pas toujours l’emploi correspondant à leur souhait de départ mais ceci est un problème pour toutes les catégories de chômeurs .
En ce qui concerne les contrats ,la grande tendance proposée est le contrat emploi de solidarité. En effet, il coûte moins cher et donne un avantage financier supplémentaire. Il est utilisé par les collectivités locales ,les associations et les administrations. Quant aux entreprises privées, elles utilisent autant le contrat à durée déterminée que celui à durée indéterminée. Compte tenu du nombre de chômeurs entendants, l’avenir des sourds sur le marché du travail semble ne pas être reluisant. Visiblement ,ils resteront le plus souvent au stade de la recherche. S’ajoute le problème de l’A.A.H qui démotive les sourds pour travailler puisqu’elle peut être suffisante pour vivre .
Par ailleurs, il est difficile de placer les sourds sur des stages qualifiant ou de remise à niveau car les enseignants qui les dispensent ne sont pas formés pour communiquer avec eux .


Le refus de l’exclusion
Trop souvent encore, le mot handicapé est connoté d’une manière réductrice qui ignore la diversité des situations et l’hétérogénéité des handicaps.


L’action de l’A.N.P.E et de ses partenaires s’inscrit dans un contexte économique difficile. Les contraintes fortes de compétitivité et de concurrence, l’exigence croissante de polyvalence et d’adaptabilité entraînent un marché du travail très sélectif. Cela ne peut en aucun cas justifier le rejet à priori de toute personne en situation de handicap vers l’inactivité ou vers un secteur protégé sans perspectives de débouchés sur le monde du travail. Tous les efforts de l’A.N.P.E tendent à démythifier l’image trop souvent stéréotypée du travailleur handicapé et à recourir à l’ensemble des mesures facilitant leur insertion ou réinsertion professionnelle. Il resterait à espérer que pour sortir les sourds de l’exclusion sociale, la Langue des Signes Française se répande dans le milieu professionnel.


Trop souvent encore, le mot handicapé est connoté d’une manière réductrice qui ignore la diversité des situations et l’hétérogénéité des handicaps. L’action de l’A.N.P.E et de ses partenaires s’inscrit dans un contexte économique difficile. Les contraintes fortes de compétitivité et de concurrence, l’exigence croissante de polyvalence et d’adaptabilité entraînent un marché du travail très sélectif. Cela ne peut en aucun cas justifier le rejet à priori de toute personne en situation de handicap vers l’inactivité ou vers un secteur protégé sans perspectives de débouchés sur le monde du travail. Tous les efforts de l’A.N.P.E tendent à démythifier l’image trop souvent stéréotypée du travailleur handicapé et à recourir à l’ensemble des mesures facilitant leur insertion ou réinsertion professionnelle. Il resterait à espérer que pour sortir les sourds de l’exclusion sociale ,la Langue des Signes Française se répande dans le milieu professionnel.


S’imprégnant de la culture des sourds, on pourrait souhaiter que les employeurs entendants ne les considèrent plus comme inaptes au travail mais comme ayant uniquement une gêne qui les atteint dans leur intégrité physique.

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