Compte - Rendu de l'entretien avec le conseiller de l'emploi pour les travailleurs handicapés
D’une manière utopique, il semblerait qu’il n’y aurait pas d’emplois totalement exclus pour
les sourds si ce n’est ceux de la communication comme celui de standardiste. Par expérience, il apparaît
également que les personnes appareillées ne peuvent pas travailler dans les grandes surfaces à
cause de l’intensité du bruit.
L’aménagement des postes de travail est un élément déterminant pour
placer les sourds. A l’A.N.P.E, il existe un conseiller de l’emploi pour orienter et conseiller les travailleurs
handicapés et donc les sourds .
Généralement, les sourds qui s’inscrivent à l’A.N.P.E ne cachent en rien leur
handicap. Certains montrent de l’aisance pour la lecture labiale, ce qui est noté par le conseiller. Cela
peut représenter un avantage pour convaincre un employeur. Certains autres, tels que les malentendants légers
réussissent volontairement à dissimuler leur handicap pour avoir l’air plus autonomes.
Cependant, le conseiller de l’A.N.P.E recommande aux handicapés de ne pas faire mention de
leur gêne sur leur curriculum-vitae afin d’avoir une chance d’obtenir un entretien préliminaire dans
une entreprise. Cela leur prouve qu’ils peuvent être convoqués grâce à leurs références
et c’est aussi un moyen d’éviter la discrimination.
Les sourds à la recherche d’un emploi sont visiblement exigeants. En effet, ayant tous l’Allocation
pour Adultes Handicapés (A.A.H) qui leur permet de vivre, ils ne souhaitent que des temps complets. De plus,
le bénéfice de cette allocation, ne convainc pas beaucoup de sourds de trouver un emploi.
Monsieur X. illustre cette constatation en donnant l’exemple d’un couple de sourds reconnus handicapés
à 80 % qui touchent à eux deux environ 7000 francs chaque mois.
Sont reconnus comme les plus motivées, les personnes qui se présentent le plus souvent
à l’A.N.P.E.
Pour communiquer avec les sourds, le conseiller utilise l’écriture. Parfois, il arrive que
certains se fassent accompagner par madame X., la responsable de l’Association Nationale des Parents d’Enfants
Déficients Auditifs (A.N.P.E.D.A) de Rouen. Elle sert alors d’interprète.
Pour établir le dossier de recherche d’emploi, monsieur X. tient compte du degré d’autonomie
et d’expression de la personne.
Selon l’intensité de l’handicap, les sourds comme les handicapés sont classés
par catégories: A,B,C.
Cependant, pour que les dossiers soient plus < parlants > pour ses collègues ,il y
apporte des annotations au cas par cas .Cela permet d’éviter les erreurs lorsque l’on essaie de placer une
personne sur un poste, qui éventuellement ne lui serait pas adapté .
Dans tous les cas, seul l’employeur décide si la personne peut convenir. Mais l’ultime décision
revient au médecin du travail qui est le seul habilité à apprécier l’aptitude du salarié
à son poste de travail.
A priori, lorsqu’un employeur prend contact avec l’A.N.P.E pour trouver un travailleur handicapé,
il ne donne pas de consignes particulières pour sélectionner les candidats. C’est le conseiller qui
se rend sur place afin d’estimer les possibilités .De la sorte, il peut peser les risques en fonction du
poste.
L’A.N.P.E note, bien sûr, le degré d’autonomie du sourd mais n’utilise pas les dénominations
habituelles < sourd profond, sourd sévère ,demi sourd .... >
Elle note plutôt quelles seront les conséquences pour l’employeur, c’est-à-dire
s’il y a un moyen ou non de communiquer (comme avec la lecture labiale).
Il existe par ailleurs très peu d’entreprises qui souhaitent recruter des sourds :le plus
souvent, ce sont des PME ou des artisans (comme les peintres).
Ce phénomène est dû d’une part, au fait que la plupart des employeurs sont mal
informés des possibilités et des avantages financiers. D’autre part, beaucoup d’entreprises préfèrent
payer la taxe à l’Association pour la Gestion du Fonds pour l’Insertion Professionnelle des personnes Handicapées
(AGEFIPH) puisqu’ils ne remplissent pas l’obligation du taux
de 6 % d’employer des travailleurs handicapés. Il n’est pas rare que la somme versée à l’AGEFIPH
atteigne plusieurs dizaines de milliers de francs par an.
Pourtant, plusieurs manifestations de sensibilisation ont déjà été organisées
par les différents dispositifs et partenaires de l‘aide à l’intégration des handicapés
(comme avec ADITH 76).Ces manifestations ont eu peu de succès
bien qu’elles aient pour but de démontrer qu’il peut être avantageux de recruter un travailleur handicapé
avec un poste aménagé. En effet, de nombreux abattements fiscaux et diverses primes viennent compenser
les pertes en productivité. Ces montants peuvent atteindre plus de 100 000 francs par an selon le nombre
de personnes embauchées et la taille de l’entreprise.
D’une manière générale, les sourds inscrits à l’A.N.P.E, ne trouvent
pas toujours l’emploi correspondant à leur souhait de départ mais ceci est un problème pour
toutes les catégories de chômeurs .
En ce qui concerne les contrats ,la grande tendance proposée est le contrat emploi de solidarité.
En effet, il coûte moins cher et donne un avantage financier supplémentaire. Il est utilisé
par les collectivités locales ,les associations et les administrations. Quant aux entreprises privées,
elles utilisent autant le contrat à durée déterminée que celui à durée
indéterminée. Compte tenu du nombre de chômeurs entendants, l’avenir des sourds sur le marché
du travail semble ne pas être reluisant. Visiblement ,ils resteront le plus souvent au stade de la recherche.
S’ajoute le problème de l’A.A.H qui démotive les sourds pour travailler puisqu’elle peut être
suffisante pour vivre .
Par ailleurs, il est difficile de placer les sourds sur des stages qualifiant ou de remise à
niveau car les enseignants qui les dispensent ne sont pas formés pour communiquer avec eux .
Le refus de l’exclusion
Trop souvent encore, le mot handicapé est connoté d’une manière réductrice
qui ignore la diversité des situations et l’hétérogénéité des handicaps.
L’action de l’A.N.P.E et de ses partenaires s’inscrit dans un contexte économique difficile.
Les contraintes fortes de compétitivité et de concurrence, l’exigence croissante de polyvalence et
d’adaptabilité entraînent un marché du travail très sélectif. Cela ne peut en
aucun cas justifier le rejet à priori de toute personne en situation de handicap vers l’inactivité
ou vers un secteur protégé sans perspectives de débouchés sur le monde du travail.
Tous les efforts de l’A.N.P.E tendent à démythifier l’image trop souvent stéréotypée
du travailleur handicapé et à recourir à l’ensemble des mesures facilitant leur insertion
ou réinsertion professionnelle. Il resterait à espérer que pour sortir les sourds de l’exclusion
sociale, la Langue des Signes Française se répande dans le milieu professionnel.
Trop souvent encore, le mot handicapé est connoté d’une manière réductrice
qui ignore la diversité des situations et l’hétérogénéité des handicaps.
L’action de l’A.N.P.E et de ses partenaires s’inscrit dans un contexte économique difficile. Les contraintes
fortes de compétitivité et de concurrence, l’exigence croissante de polyvalence et d’adaptabilité
entraînent un marché du travail très sélectif. Cela ne peut en aucun cas justifier le
rejet à priori de toute personne en situation de handicap vers l’inactivité ou vers un secteur protégé
sans perspectives de débouchés sur le monde du travail. Tous les efforts de l’A.N.P.E tendent à
démythifier l’image trop souvent stéréotypée du travailleur handicapé et à
recourir à l’ensemble des mesures facilitant leur insertion ou réinsertion professionnelle. Il resterait
à espérer que pour sortir les sourds de l’exclusion sociale ,la Langue des Signes Française
se répande dans le milieu professionnel.
S’imprégnant de la culture des sourds, on pourrait souhaiter que les employeurs entendants
ne les considèrent plus comme inaptes au travail mais comme ayant uniquement une gêne qui les atteint
dans leur intégrité physique.